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Pourquoi devenir abolitionniste ? À quoi ressemble l’abolition ? Comment l’appliquer quand il est question de viol ou de meurtre ? Bien que la réflexion sur l’abolitionnisme de la police et du système carcéral dans l’espace francophone se développe, les publications sur la question sont encore trop rares. La réflexion proposée par Mariame Kaba s’appuie sur une longue expérience de militantisme et une observation minutieuse, rigoureuse, lucide du système étasunien. Parce qu’elle s’autorise malgré tout une pensée imaginative, libre et pleine d’espoir, sa lecture est stimulante pour penser d’autres façons d’assurer la sécurité des membres d’une société et d’exercer une justice plus démocratique et en fait un élément clef des réflexions actuellement nécessaires sur ces sujets.
Revenant sur l’histoire de la prison et des mouvements abolitionnistes, elle montre qu’il ne s’agit pas seulement d’abolir ces institutions mortifères, mais aussi d’œuvrer pour un monde où il existerait d’autres ressources contre les violences que la punition, comme l’entraide, l’écoute et la solidarité. Pour cela, il faut être prêt·es à remettre en question toutes les logiques d’oppressions que nous avons intériorisées.
Mariame Kaba plaide ainsi en faveur de réparations pour les victimes de violences policières, de rediriger les ressources de la police vers les programmes sociaux – santé mentale, écoles, soins de santé –, d’appliquer diverses stratégies pour éloigner les gens du système pénal punitif et favoriser une justice transformatrice ou réparatrice, en rejetant ou soutenant certaines réformes (abolition des syndicats de police, retrait des policiers des communautés, désarmement de la police).
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Née aux États-Unis, Mariame Kaba est une militante formée aux méthodes de l’organizing, une éducatrice et une autrice prolifique. Elle travaille sur le démantèlement du complexe industriel carcéral et la justice transformatrice. À Chicago et à New York, elle a joué un rôle de premier plan dans la fondation de diverses organisations qui luttent contre les violences à l’encontre des femmes et des filles tout en prônant la fin de l'incarcération.
Longtemps militante à Montréal, Délice Mugabo est une géographe Black féministe. Ses récentes recherches portent sur la violence esclavagiste québécoise au XVIIIe siècle et les projets politiques des femmes Noires captives à Montréal et dans les régions durant cette époque. Ses travaux portent également sur le radicalisme Noir dans les années 1990 à Montréal et l'histoire continue de l’islamophobie anti-Noire au Québec.