Où est Ulrike Meinhof? Sur les avis de recherche, placardés dans toute l’Allemagne de 1970, on offrait 10 000 marks de récompense à qui saurait la repérer. Introuvable pendant deux ans, partie s’entraîner aux techniques de guérilla, impliquée dans des vols de banques et de voitures, l’ancienne journaliste devenue insurgée clandestine est jetée en prison en 1972, puis retrouvée pendue dans sa cellule le 9 mai 1976. Le combat contre l’impérialisme, le fascisme et le capitalisme militarisé était la raison d’être de la Fraction armée rouge (RAF), dite la bande à Baader, qui s’inspirait de certains mouvements insurrectionnels de l’époque comme les Black Panthers aux États-Unis, les Brigades rouges en Italie ou les Tupamaros en Uruguay.
Qui est-elle, Ulrike Meinhof, au-delà du mythe entourant sa vie spectaculaire et son implication au sein de la RAF? «L’Allemande la plus brillante depuis Rosa Luxemburg», résumait le poète Erich Fried lors de son éloge funèbre. Immense figure de l’extrême-gauche, sorte de sorcière rouge à laquelle on a tristement accolé l’image d’une terroriste diabolique, Ulrike Meinhof avait auparavant mené une prolifique carrière de journaliste, connue et respectée dans tout le pays. Pour embrasser la guérilla, elle a tiré un trait sur sa vie de bourgeoise, d’épouse et de mère.
Les chroniques d’Ulrike Meinhof, publiées dans la célèbre revue konkret de 1959 à 1969, jettent un vif éclairage sur les conflits et les bouleversements qui ont marqué cette décennie. Elle analyse la guerre froide, la présence d’anciens fascistes au pouvoir, la liberté d’expression sur fond de guerre du Vietnam, la justice sociale et la subordination des femmes. Son écriture s’y révèle mordante et profondément engagée.
Protester, c’est dire «je n’accepte plus cela». Résister, c’est faire en sorte que plus personne ne l’accepte.
Préface de Elfriede Jelinek • Traduit de l’anglais et de l’allemand par Isabelle Totikaev et Luise von Flotow
Auteure
Ulrike Marie Meinhof est née en 1934 en Allemagne. Journaliste de radio et de télévision bien connue du public et chroniqueuse vedette au sein du magazine konkret, elle se joignit au mouvement révolutionnaire Fraction armée rouge (RAF) au début des années 1970. Elle fut retrouvée morte dans sa cellule de prison en 1976.
Table des matières
- Préface: Ulrike Marie Meinhof par Elfriede Jelinek
- Introduction: À la recherche d’Ulrike Meinhof par Karin Bauer
- Les chroniques
- Les ombres du sommet pointent vers l’Ouest [1960]
- L’ouverture du nouveau ghetto allemand [1960]
- Un homme avec de bonnes manières: une journée au tribunal avec Karl Wolff [1964]
- Le 20 juillet [1964]
- Dresde [1965]
- Hitler sommeille en vous [1961]
- Le viol de la dignité humaine [1962]
- Deutschland, Deutschland: les quinze ans de la Constitution [1964]
- L’Allemagne sans Kennedy [1963]
- Le Vietnam et l’Allemagne [1966]
- Trois amis d’Israël [1967]
- L’obligation de visa [1968]
- Lettre ouverte à Farah Diba [1967]
- Jürgen Bartsch et la société [1968]
- Tout le monde parle de la pluie et du beau temps [1969]
- Fausse conscience [1968]
- Les femmes de la SDS agissent en leur propre nom [1968]
- Des canons à eau: même contre les femmes [1968]
- Affaire numéro XY: élucidée [1968]
- Du napalm et du pouding [1967]
- La contre-violence [1968]
- De la contestation à la résistance [1968]
- Incendier des grands magasins [1968]
- Le chroniquisme [1968]
- Postface: Une icône de la gauche, propagandiste et communiste
- Chronologie
- Lexique
- Réflexions des traductrices et de l’auteure de l’anthologie par Isabelle Totikaev, Luise von Flotow et Karin Bauer
- Remerciements