De février à septembre 2012, le Québec est foudroyé par la plus longue grève étudiante de son histoire. L’augmentation des frais de scolarité rencontre une résistance acharnée, qui prend vite les traits d’un soulèvement généralisé. Le pouvoir libéral perd pied et décrète une loi d’exception. À quoi la rue répond « la loi spéciale, on s’en câlisse ». La grève se joue des injonctions et défie toute tentative de mater juridiquement un conflit politique.
L’image consensuelle du Printemps érable néglige cette puissance de rupture d’un mouvement qui a fait de la ville son terrain de jeu, et de l’économie son ennemi. Au lieu de s’attarder sur ce qui a ressemblé – défense de l’éducation et de la démocratie –, il s’agit de saisir dans la grève ses lignes de partage : la violence, le spectacle, les élections…
Dix après les événements, une nouvelle sortie en libraries de cet ouvrage élaboré en collectif et édité en 2013 par Sabotart, qui réunit témoignages et analyses pour raconter la grève. Version profane qui oppose au récit officiel les paroles irrévérencieuses de grévistes anonymes. Des blocages à l’État policier, des émeutes aux casseroles, chaque phase de la grève est dépliée afin de rendre compte d’un mouvement aussi singulier qu’exemplaire des luttes actuelles.
« Nous n’écrivons que pour fourbir les armes susceptibles de prolonger la fêlure ouverte par la grève. »